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Vie locale

ANDRÉ COURRÈGES, PAPE DE LA MODE MODERNE

© Vincent Knapp — Photographer estate, CC BY-SA 4.0

André Courrèges © Vincent Knapp — Photographer estate, CC BY-SA 4.0

L’histoire de la haute couture regorge de stylistes audacieux et atypiques. Né à Pau en 1923, André Courrèges est l’un d’eux. Alors que rien ne le prédestinait à une telle carrière, il a pourtant inscrit son nom en lettres d’or dans les annales de la mode.

Avion, architecture et tissu

La passion d'André Courrèges pour l’art en général, et la mode en particulier, est apparue dès son plus jeune âge, nourrie par un désir ardent de créer, d’innover et de repousser les limites du conventionnel. Il doit pourtant renoncer à sa passion face à l’insistance de son père qui voit en lui un ingénieur. Il embrasse alors des études en génie civil qui lui permettent cependant de découvrir le dessin et l’architecture et aura une influence majeure pour le reste de son oeuvre. Durant la Seconde Guerre mondiale, et à seulement 18 ans, il devient pilote de chasse au sein des Forces aériennes françaises libres. Dès la fin de la guerre, il rejoint Paris où souffle un vent de liberté. Tout en travaillant comme ingénieur à l’usine Blin, il s’inscrit à l’école de la Chambre syndicale de la couture parisienne et y apprend les bases du métier. En 1950, il intègre la Maison Balenciaga, côtoie chaque jour le maître de l’élégance et forge son style unique, mélange d’élégance classique et d’audace avant-gardiste.

La renaissance d’un visionnaire

Très vite, le styliste palois fait preuve des plus grandes qualités nécessaires à la haute couture : dessin, technique pure, sens esthétique aiguë et capacité d’adaptation. Son perfectionnisme lui permet de gravir rapidement les échelons au sein de la Maison Balenciaga, aux côtés de Coqueline Barrière, sa future épouse. Cinq années s’écoulent ainsi, qui permettent à André Courrèges de découvrir quotidiennement de nouvelles techniques, d’apprendre à associer les tissus, à découper, à assembler et à modeler ses idées sans relâche.

Pourtant, il finit par s’ennuyer. Il a désormais l’impression de stagner et de ne plus rien découvrir. C’est la raison pour laquelle, en 1961, il fait un pari, totalement insensé pour beaucoup, et décide de mettre sa carrière en danger pour créer sa propre maison de haute couture. Avec Coqueline, ils n’ont qu’une idée en tête : libérer le corps des femmes, s’adapter à la nouvelle génération et proposer un style unique, caractérisé par des lignes pures, des coupes franches et des silhouettes futuristes. En seulement deux ans, il réussit à imposer la Maison Courrèges comme un membre incontournable de la haute couture française.

L’avènement de l’innovation

André Courrèges est bien plus qu’un simple créateur de mode. Il est un véritable visionnaire, un architecte de l’avant-garde. Ses collections révolutionnaires transcendent les conventions, et repoussent inlassablement les frontières du possible.

Épaulé par Coqueline, sa « créativité complémentaire », il croque des vêtements aux lignes droites, construits comme des oeuvres architecturales. Il rejette les « entraves » des tenues féminines, tels les soutiens-gorges, guêpières et autres talons hauts… préférant imposer la mini-jupe, les combi-shorts, les pantalons et les bottes plates à mi-mollet. Sa signature est le blanc qui est le trait d’union entre toutes ses collections, dont Françoise Hardy a sans doute été la plus grande égérie au début des années 1960. Il introduit des matériaux innovants tels que le vinyle et le PVC dans ses créations, défiant les normes établies et ouvrant de nouveaux horizons pour l’industrie de la mode.

L’héritage intemporel

L’influence de Courrèges sur la mode contemporaine demeure indéniable. Ses créations audacieuses continuent d’inspirer les créateurs du monde entier, témoignant de la persistance de son héritage visionnaire. Sa capacité à marier l’esthétique futuriste avec une élégance intemporelle résonne encore aujourd’hui, illuminant les podiums de la haute couture et les rues de la vie quotidienne.

La révolution Courrèges

Lorsqu’on évoque les grands stylistes de l’époque — Pierre Cardin, Yves Saint-Laurent, Emmanuel Ungaro (qui a succédé à Courrèges chez Balenciaga), le nom d’André Courrèges résonne comme une étoile filante dans le firmament de la mode. Aux côtés de ses contemporains, il a joué un rôle essentiel dans la redé redéfinition des codes de la mode des années 1960. Son approche du vêtement a laissé une empreinte indélébile et a ouvert la voie à d’autres architectes du stylisme. Christian Lacroix et Jean-Paul Gaultier sont sans doute ses héritiers les plus directs tant l’audace de leurs créations s’approchent de celles du maître.